Institut pour l'Etude et la Conservation du Baobab

L’association INECOBA s’intéresse à développer et à promouvoir tous projets qui visent à étudier, protéger et sauvegarder les baobabs qui comptent déjà 6 espèces menacées inscrites sur la liste rouge l’IUCN parmi les 8 représentées dans le monde.

On nous interpelle souvent sur le fait que le baobab n'est pas un arbre mais une herbe ou autre chose que l'on définir mal ce qui paraît assez incroyable ! C'est comme si on se demandait si un chêne ou un érable était un arbre ou pas ! Difficile de savoir d'où vient cette rumeur....mais en tous les cas, on nous le répète souvent voir même affirme avec conviction que c'est  bel et bien une herbe. Tout le monde n'est pas botaniste, j'en conviens mais il suffit de s'intéresser quelques minutes à la définition d'un arbre pour se rendre compte que cette dénomination d'herbe est ridicule, insultante pour cet arbre emblématique de l'Afrique.

Nous vous proposons ci-dessous un texte qui vous expliquera la définition d'un arbre et vous verrez que finalement même les palmiers et les bananiers peuvent être qualifiés d'arbre.

On nous dit souvent que le baobab ne fait pas de cernes .... FAUX ! Voici ci-dessous la photo d'un baobab qui a été tronçonné et qui montre une structure interne bien concentrique de croissance. D'où vient cette rumeur ? Tout simplement du fait que si l'on rencontre des baobabs tombés à terre, les cernes s'estompent très vite en raison de la présence d'eau dans son tronc qui provoque ainsi une dégradation très rapide et donne l'impression qu'il ne fait pas de cernes. Quelques chercheurs se sont même penchés sur la reconstitution de paléoclimat par l'étude dendrochronologique de ces cernes et ont publiés leur résultat dans des revues scientifiques renommées. Allez maintenant leur dire que ce n'est pas un arbre.....

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Nous vous proposons un petit texte de réflexion tiré du livre de Françis Hallé intitulé "Plaidoyer pour l'arbre" aux éditions Actes Sud. Françis Hallé est un biologiste et botaniste spécialisé dans l'architecture des arbres et de l'écologie des forêts tropicales humides. De 1986 à 2003, il a dirigé les missions scientifiques du "Radeau des cimes".

La Hauteur au-dessus du sol

Les arbres, tout le monde en conviendra, sont des végétaux qui tendent à s'élever à la verticale et qui finissent par atteindre une grande hauteur au-dessus du sol. Mais qu'est-ce qu'une grande hauteur ? Pour un observateur de la taille d'un escargot, un coquelicot est un végétal d'une grande hauteur. Une référence plus adéquate est la hauteur de l'être humain. Une question encore concernant la hauteur : ne serait-il pas plus réaliste de considérer la hauteur totale de l'arbre, plutôt que sa hauteur au-dessus du sol ? En Libye, région aride, la profondeur de la nappe phréatique impose au jujubier d'avoir des pivots de 60 m de hauteur, alors qu'il ne dépasse pas du sol que de 2 mètres. La hauteur de ces jujubiers est-elle de 62 mètres ? Indiscutablement oui en ce qui concerne leur biologie.

Tronc, qui es-tu ?

Toutes les définitions de l'arbre insistent - à juste titre - sur la présence d'un tronc. Le tronc se définit comme un organe en forme de colonne, de gros diamètre, qui élève le feuillage au-dessus des plantes concurrentes et les met à l'ombre.

Peut-on imaginer un tronc sans cambium ?

Les arbres sont souvent définis comme étant des végétaux ligneux, mais ce terme est ambigu. Ligneux peut signifier qui possède de la lignine, mais cette substance étant celle qui maintient les vaisseaux ouverts et leur permet de conduire l'eau, toutes les plantes vasculaires possèdent de la lignine, y compris les pissenlits, les arachides et les violettes, qui de toute évidence ne sont pas des arbres.

Ligneux peut aussi vouloir dire qui possède du bois, cela revient partiellement au même puisque le bois est très riche en lignine. Mais cette acceptation soulève des difficultés. Des herbes comme la Luzerne, l'Héllébore accumulent à leur base, en vieillissant, des petites quantités de bois, sans pour autant devenir des arbres. Pour ces raisons, je préfère ne pas utiliser le terme ligneux.

Le tronc d'un arbre est-il nécessairement formé de bois, ce tissu solide issu du fonctionnement d'un cambium ? un tronc a-t-il nécessairement un cambium et la définition du tronc doit-elle être cambiale ? La définition cambiale d'un tronc encore fréquente dans la botanique de ce début du 21ème siècle, donne la prééminence aux arbres que nous avons sous les œils, vivant à l'époque qui est la nôtre. Cette définition cambiale est également biaisée en faveur des régions tempérées de la Terre, celles où vivent les sociétés riches et les communautés scientifiques influentes; les palmiers, les fougères arborescentes et les pandanus, qui ont le défaut d'être d'origine tropicale, sont fréquemment oubliés des concepts, omis dans les définitions et absents des enseignements. Seul nos arbres à nous, ceux du Parc de Versailles, l'arboretum de Harvard ou des forêts du Rhin, sont jugés dignes d'être considérées comme des arbres; tel est le sentiment peu honorable - et pas du tout scientifique - que je crains de percevoir en arrière-plan de la définition cambiale du tronc.

Est-ce qu'un arbre à forcement des branches ?

Toutes les définitions de l'arbre, qu'elles soient classiques ou modernes, regardent comme inséparable de l'idée même d'arbre, le processus de la ramification et les branches qui en sont issues. A en croire mes prédécesseurs, un arbre sans branches serait aussi improbable, et sans doute aussi laid, qu'un cochon sans pattes à qui on aurait ôté la oreilles et la queue. Depuis que Corner a attiré l'attention sur les arbres monocaules, on sait que les régions tropicales en sont abondamment pourvues. Ces arbres sans branches appartiennent à des groupes botaniques variés : Fougères, Cycadales. Cette forme d'arbre particulière existe dans plus de 40 familles de Dicos et, chez les Monocs, une vaste famille pantropicale, celle des palmiers, et essentiellement constituée d'arbres sont branches.

Une tentative de définition

Un arbre est une plante à longue durée de vie, possédant un tronc de grande hauteur, autoportant, vertical et de gros diamètre, auquel sa structure et son anatomie confère une rigidité suffisante pour élever le feuillage au-dessus des plantes concurrentes pour la lumière; fréquemment, mais pas toujours, le tronc de l'arbre est porteur de branches. Les aspects quantitatifs - hauteur, diamètre, longévité - sont à évoluer par rapport aux dimensions et à la durée de vie de la personne humaine.